samedi 21 juin 2008

Salord, consul des Comores divise la diaspora

Stéphane Salord figure au nombre de ceux qui ont tout perdu lors de la dernière élection municipale. Ancien adjoint (UMP) de Maryse Joissains, ancien vice-président de la Communauté du pays d'Aix, il s'est retrouvé dépourvu de mandat quand la bise électorale fut venue. L'homme vient pourtant d'accéder à une nouvelle fonction, qui suscite la controverse. Par une décision qui lui a été notifiée le 14mai, il est nommé, par le conseil des ministres des Comores, consul honoraire à Marseille. L'idée d'une représentation comorienne dans la cité phocéenne, forte de 70 000 ressortissants de l'archipel (Moroni, la capitale, compte 60 000 habitants) germe depuis longtemps. Jusqu'à présent, toutes les démarches administratives liées à l'état civil devaient être effectuées auprès de l'ambassade à Paris. Une galère pour les Comoriens de Marseille et la région, qui avaient souvent recours à des associations pour faire la jonction avec la capitale. En soi, un consulat à Marseille serait donc une bonne nouvelle. Sauf que la personnalité de Stéphane Salord divise la communauté. "Bien sûr, ce que nous souhaitons, c'est un consulat général (1) plutôt qu'honoraire , argumente Nasser Boina, proche de l'UMP, membre de l'Union des Comoriens de France et ancien colistier de Jacques Rocca-Serra dans les 2e et 3 e arrondissements de Marseille. Ce n'est pas possible pour des raisons budgétaires. Alors, nous devons être pragmatiques. Stéphane étant proche des Comoriens, c'est une chance."
Stéphane Salord, pour sa part, a déjà endossé les habits de consul, même si la France n'a pas encore accrédité sa nomination. Il refuse ainsi de s'étaler sur la polémique qui porte d'abord sur le fait qu'il est français et, surtout, sur sa proximité avec la majorité en place "Quand on connaît la politique comorienne, tout ça n'a que peu d'intérêt, se défend-il. La question ne se pose pas en terme de rapport de force. Un consul est là pour régler des questions administratives. Mon premier devoir, c'est la neutralité. Je n'ai pas compétence à prendre position dans les relations franco-comoriennes. Après, si je m'engage en politique, c'est mon problème."
Dans ce dossier épineux, quand on connaît la nature de la relation entre la France et les Comores, chaque camp se défend de vouloir politiser le débat. Pourtant, nombre de protagonistes affichent plus ou moins clairement une proximité avec un parti, de droite ou de gauche d'ailleurs. Si le processus va à son terme, Stéphane Salord devrait être installé boulevard du Capitaine-Gèze, dans le 14e arrondissement, en octobre. D'ici là, ses opposants se seront fait entendre. (1)Un consul général aurait été obligatoirement haut fonctionnaire comorien. Un consul honoraire ne perçoit pas de salaire.
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La réaction de Saïd Ahmada / président de la Chambre de commerce franco-comorienne
"On boycottera le consulat et on manifestera"
Pour les proches de Stéphane Salord, Saïd Ahmada n'a pas de légitimité au sein de la diaspora, même s'il occupe la fonction de président de la Chambre de commerce franco-comorienne. Lui, pourtant, affirme avoir derrière lui la grande majorité de la communauté.
Tête de liste du MoDem aux dernières municipales dans les 15e et 16earrondissements, il conteste aussi vouloir politiser le dossier: "Nommer un consul honoraire dans une ville qui compte 70 000 Comoriens, c'est faire preuve de mépris. Cela signifie qu'il n'y a pas de ressortissant capable d'occuper cette fonction ?", s'indigne-t-il. Lui-même par exemple ? "Je ne suis pas candidat", réfute-t-il.
Saïd Ahmada n'accepte pas non plus l'excuse budgétaire : "Cela ne tient pas. Nous avons calculé que le seul coût de tous les documents administratifs permettrait l'autofinancement d'un consulat général. Et encore, nous n'avons pas pris en compte les cartes consulaires."
Évidemment, l'engagement de Stéphane Salord à l'UMP est pour lui un obstacle : "lI cautionne la politique d'immigration de Brice Hortefeux, alors même que nous avons un problème avec nos ressortissants qui passent par Mayotte." Saïd Ahmada veut aller jusqu'au bout :"Nous boycotterons ce consulat. S'il le faut, nous manifesterons à Marseille et aux Comores."
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